Analyse erronée – Agence QMI, 12 décembre 2014

2014-12-15

Un article de l’Agence QMI, publié dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec le 12 décembre 2014, contient des inexactitudes et demande des précisions. L’article en question s’inscrivait dans la foulée de la publication des résultats financiers de Transat pour l’exercice 2014, survenue le 11 décembre.

Dans un premier temps, le journaliste infère qu’Air Transat n’a pas utilisé des instruments financiers aussi efficaces que ceux de ses concurrents pour se protéger des variations du prix du carburant. Son analyse à ce titre est erronée. Dans un courriel que nous lui avons fait parvenir le 12 décembre, nous expliquions ainsi au journaliste :
 

  • Un contrat à terme est un instrument de couverture. On ne peut donc pas mettre en opposition les premiers (chez Air Canada) et les seconds (chez Transat), puisqu'il s'agit de la même chose. Les paragraphes 3 et 4 de l'article sont inexacts et sans fondement.
  • Le prix du carburant d'avion, s'il peut être affecté à la baisse par la chute des cours du pétrole, est par ailleurs affecté à la hausse par la baisse du dollar canadien depuis un an (le carburant est payé en dollars US). En d'autres termes, les variations de taux de change, à l'heure actuelle, annulent dans une large mesure les baisses des prix du pétrole, et cela vaut pour tous les transporteurs. L'impact de ce phénomène est présentement aussi important, voire plus, que celui des stratégies de couverture. Sur cette question, l'article est très incomplet.


Sur les éléments qui précèdent, une précision a été publiée le 13 décembre, que nous jugeons incomplète, puisqu’elle ne fait aucunement le tour de la question. Le journaliste a simplement écrit : « …précisons que le prix du carburant est affecté également par la baisse du dollar canadien ».

Par ailleurs, l’axe principal de l’article et sa manchette posent un problème sérieux et témoignent d’une possible incompréhension du fonctionnement du marché du voyage. On trouve en effet : « Pas de baisse de prix chez Air Transat – Si le recul du prix du pétrole peut faire diminuer les prix des vols et des voyages dans les prochains mois, Transat A.T. ne pourra pas suivre ses concurrentes. Le voyagiste a fait cet aveu, à mots couverts, lors d’une conférence téléphonique tenue hier…»

Dans notre courriel du 12 décembre, nous avons signalé que :
 

  • Le lead de l'article et la manchette sont inexacts. Il aurait été possible de dire que Transat pourrait ne pas bénéficier de baisses de coûts de carburant, à cause de l'effet combiné du prix du pétrole et des variations de devise et de son programme de couverture (comme le cas échéant d'autres transporteurs). Mais cela n'a rien à voir avec les prix, qui sont essentiellement gouvernés dans cette industrie par l'offre et la demande. Une entreprise qui n'est pas compétitive au chapitre des prix voit ses ventes s'arrêter. En conséquence, la manchette et les paragraphes 1 et 2 sont inexacts, puisque l'entreprise ne peut pas avoir admis «à mots couverts» quelque chose qu'elle n'a pas dit, et qui est faux (l'utilisation de l'expression «à mots couverts» et du mot «aveu» pose un sérieux problème, puisque le journaliste nous met ici des mots dans la bouche et que d'aucune manière nous n'avons «avoué» que nos prix n'allaient pas être compétitifs).


En fait, il n’est pas rare, dans cette industrie, de voir une entreprise vendre une partie de ses stocks sous le prix coûtant unitaire, parce que les stocks en question, qui comprennent des sièges d’avion et des nuitées à des dates spécifiques, constituent un produit périssable. Par exemple, il sera préférable pour un voyagiste de perdre 100 $ sur un produit vendu sous le coûtant, que d’en perdre 1500 $ à cause d’un siège et d’une chambre inoccupés. En d’autres termes, les prix ne fluctuent pas en fonction des coûts, mais en fonction des ventes, comme les observateurs attentifs du secteur l’ont généralement noté. Dans cette industrie, d’une certaine manière, il ne s’agit pas tant pour les voyagistes de maintenir les prix au-dessus des coûts, que de maintenir les coûts en-dessous des prix, ces derniers étant imposés par le marché.

Dans son article, le journaliste pose donc deux choses : que Transat ne sera pas en mesure d’afficher des prix compétitifs dans les prochains mois, et que c’est l’entreprise elle-même qui le dit. C’est faux dans les deux cas, et l’utilisation du mot « aveu » et de l’expression « à mots couverts » est ici révélatrice : le journaliste avoue à mots couverts que l’entreprise n’a pas dit ce qu’il dit qu’elle a dit. Dans un courriel qu’il nous a fait parvenir à la suite du nôtre, le 12 décembre, le journaliste n’a avancé aucun argument ou explication sur cette question, et la précision du 13 décembre ne fait pas allusion à cet aspect des choses.

Enfin, l’article contenait une erreur qui a été corrigée le 13 décembre au sujet des économies de coûts réalisées entre 2012 et 2014, qui étaient de 55 millions de dollars, et non de 75 millions.